MEMENTO MORI
collection
MEMENTO MORI
Cette collection fait bien entendu référence aux Vanités. Les insectes et les bêtes répugnantes sont l'allégorie même de la destruction. Comme dans l'Antiquité, la représentation de tout être vivant en dévorant un autre signifie que le terme de celui-ci est bientôt arrivé. Ces fourmis sont le symbole du temps qui passe souvent bien trop vite, évoquant la fragilité, la décomposition et le triomphe de la mort. Notre époque connaît un paradoxe étonnant : les symboles de la mort abondent dans l'imagerie actuelle, ces emblèmes allant jusqu'à se muer en accessoires de mode aussi légers qu'éphémères; tandis que le refus de vieillir devient le maître mot de nos sociétés contemporaines. La Vanité qui est présentée ici, est certes une réflexion sur la mort, mais avant tout sur la vie: sa brièveté comme sa beauté.
La relation qu'entretiennent le porteur et l'objet est aussi une des réflexions que je développe dans cette collection. Grâce au système de patch, l'emplacement de l'ornement sur le corps n'est plus limité. Le porteur peut choisir quelques fourmis issu de l'installation et les coller où il veut sur son propre corps. Le motif fourmis s'accumule jusqu'à la fourmilière et aboutit à la colonisation d'une partie du corps. Celui-ci devient ainsi un territoire à envahir, un support pour une nature morte évolutive. Si l'ornement n'est pas porté, il reste incomplet. Présenter l'objet sur un fond blanc, c'est passer en parti à côté du sens de celui-ci. Il a besoin de son porteur pour être achevé, pour prendre toute sa signification. La réflexion autour de l'objet ne se fait pas sans son support, qui est ici le corps.
C 'est au participant d'intervenir sur la composition et l'emplacement de son bijou-insecte. Prenant ainsi part à l'ouvrage, il en reprend son message, il se le réapproprie tout en acceptant cette prophétie douloureuse qu'est sa propre mort.